Plaque de couverture de tablette à écrire

Rare plaque de couverture de tablettes à écrire en ivoire sculpté en bas-relief représentant le Jeu de "la grenouille". Sous un gâble à crochets surmonté d'arcatures lancéolées et abritant un arc brisé avec moulure polylobée se déroule la scène animée de sept personnages : le joueur faisant la grenouille est assis en tailleur au centre tandis qu'autour de lui des femmes et des hommes le touchent ou le frappent ; debout derrière lui, une jeune femme appuie d'une main sur sa tête afin de le maintenir au sol tout en le frappant de l'autre ; un des participants, coiffé d'un curieux bonnet, observe la scène sur la gauche ; le jeu se déroule dans un jardin symbolisé par un arbre aux branches feuillagées à l'arrière plan. Trou d'attache à la partie supérieure. Dos creusé en cuvette avec mince bordure plate ; étiquette de collection avec le numéro 63. 
Paris, vers 1340 / 1350 
H 10,5 × L.6,2 cm 
(Cassée et recollée, petit rebouchage au fond) 
Provenance : ancienne collection Alphonse de Rothschild, n°63, Paris collection particulière, Paris 
Cette plaque fait partie des rares ivoires profanes parisiens du XIVe siècle. Le musée du Louvre conserve une plaquette à sujet semblable accompagnée d'une autre montrant le jeu de "hautes coquilles" (OA 2762, fig). Ces deux plaquettes constituaient les couvertures supérieure et inférieure de tablettes à écrire et étaient reliées aux autres feuillets par l'intermédiaire de trous destinés à recevoir un pivot métallique ou un lacet. Le trou placé à la partie supérieure de la plaquette de l'ancienne collection Rothschild ainsi que son revers creusé indique un emploi similaire. Elle devait, à l'image des deux feuillets du Louvre, être associée à une autre plaquette illustrant également un jeu. On peut voir au musée archéologique de Namur un carnet complet ayant même conservé de la cire rouge à écrire dans son étui en cuir gaufré d'origine. L'ensemble constituait ainsi un présent précieux entre époux comme les coffrets ou les valves de miroir à sujet courtois. 
Le jeu de "la grenouille" comme celui de "hautes coquilles" fait partie de ces jeux un peu brutaux qui semblent avoir été à la mode à la cour de France vers la fin du Moyen Age. Le joueur principal, assis en tailleur, devait essayer d'attraper sans se lever les autres joueurs qui le bousculent plus ou moins violemment. La mode vestimentaire avec les robes ajustées des femmes au large décolleté, aux manches serrées ornées de rangées de boutons sous des manches ouvertes comme la tunique courte et collante des hommes renvoient à la mode qui s'est répandue vers 1340. De facture très proche aux feuillets du Louvre, cette plaquette s'en distingue par le grand arc surmonté de lancettes assez inhabituel qui se retrouve cependant sur une autre plaquette à sujet courtois également conservée dans le même musée (MRR 425). 
Ouvrages consultés : R. Koechlin, Les Ivoires gothiques français, Paris, 1968, T II ; D. Gaborit-Chopin, Ivoires médiévaux Ve - XVe siècle, Musée du Louvre, Département des objets d'art, Paris, 2003.

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