Feuillet de Bible

Lettre I représentant le roi Assuérus et la reine Esther

(Juges 20, 35- Ruth 1, 14).

Paris, atelier dit du Groupe

de Leber, vers 1230

Hauteur : 15,2 cm

Largeur : 10,4 cm

Petites usures

La miniature de cette intéressante page illustre, d'une manière intelligente et astucieuse,  l'histoire de l'héroïne juive Esther, tirée d'un chapitre du Livre des Juges, qui sauve son peuple en même temps qu'elle sauve son tuteur Mardochée.

L’initiale est divisée en deux espaces traversés par le sceptre royal symbolisant la corde. Dans la partie supérieure, le roi est assis tenant dans ses mains la corde mortelle. Un coup et Mardochée est mort. Mais dans la partie  inférieure se trouve la reine Esther qui s’empare de la corde de manière à sauver la victime et son peuple.

Les miniatures historiées produites pendant le XIII^esiècle ont généralement tendance à se rapporter au texte d'une manière spécifique. Ce qui est rarement vu, c'est l'incorporation d'un certain nombre d'éléments de l'histoire.

Et plus encore  le cas où l'artiste prend des libertés d'imagination avec son sujet pour souligner quelque chose de grand et intrinsèquement difficile à décrire – ici, comment une reine peut sauver son peuple - d'une manière visuelle et efficace.

Il reste au moins treize feuillets de cette même Bible, dont celui-ci, maintenant dispersés dans différentes collections. Leurs miniatures ont été diversement attribuées au Groupe Dominicain, au Peintre Dominicain, et à l'atelier Leber. Ce manque de précision suggère la difficulté souvent rencontrée dans l'attribution des styles individuels dans le milieu hautement formalisé de Paris du XIII^esiècle. L'ornementation, les figures de style et les détails du visage méritent d'être plus proches de comparaison avec des manuscrits produits dans un atelier actif à Paris connu sous le nom du Groupe de Leber.

Avec son vocabulaire ornemental précis, le Groupe de Leber peut être identifié par des extensions élaborées d’initiales s'étendant au-delà des marges et se terminant en spirale, des dessins de pétales de lotus, des animaux hybrides et sinueux, ces derniers étant souvent des créatures ailées ressemblant à des dragons et enfin des initiales compartimentées représentant des scènes multiples.

Page semblable dans la collection Jeanne Miles Blackburn, Cleveland Museum of Art.

Référence : R. Branner, "Manuscript Painting in Paris during the Reign of Saint Louis" dans A Study of Styles, Berkeley, 1977 p. 61, 208-9; figs. 12, 105-10

Feuillet de Bible sur parchemin avec lettrine polychrome et or.

Lettre I représentant le roi Assuérus et la reine...">